Par ces temps de chaleur et de crise sanitaire qui n’en finit pas de sévir, les membres du conseil d’administration d’Inseme à manca/Ensemble à gauche ont décidé de prendre de la hauteur et de s’installer, pour quelques heures, à Bastelica. A l’auberge U pontu plus exactement, un endroit agréable,au frais sous une tonnelle, pour y discuter et goûter pour l’occasion au plaisir d’une cuisine nustrale, faite exclusivement de produits locaux. Les hôtes d’Inseme à manca mettant en œuvre à leur façon un circuit local. Solution d’avenir pour une Corse encore trop dépendante de l’extérieur pour ses approvisionnements, entre autres, en produits agricoles.
Une situation qui se dégrade
La première partie de la journée a été consacrée à une analyse rapide de la situation dans le pays, en particulier en Corse. La France va mal. A la faveur de la crise sanitaire les annonces de plans sociaux se multiplient. Dans les prochaines semaines il faut s’attendre à une augmentation substantielle du chômage et de l’effondrement du pouvoir d’achat de nombreux Français. Dans ce contexte de belles âmes et leurs laquais de services, dans les media, en appellent à l’esprit de responsabilité de nos concitoyens. Il faudra travailler plus, gagner moins, renoncer à des acquis sociaux. Tout cela est dit avec un superbe cynisme. Par contre les multinationales n’ont jamais autant versé de dividendes à leurs actionnaires.
Le deuxième tour des élections municipales s’est déroulé le 28 juin. Presque tout le monde semble satisfait, à l’exception des marcheurs en arrière. La droite traditionnelle maintient en gros ses fiefs. Les socialistes de même. Les Verts affichent un bel optimisme pour l’avenir et commencent peut-être à rouler des mécaniques dans la perspective des présidentielles. La ville de Marseille voit pour la première de son histoire l’élection d’une équipe de gauche avec à sa tête une femme, Michèle Rubirola.
En Corse les nationalistes maintiennent leurs positions, voire progressent, comme à Porto-Vecchio.
Mais il faut le reconnaître, le grand vainqueur des municipales, c’est l’abstention. 60% au plan national. 70% à Marseille, par exemple. Il faudra s’interroger sur le pourquoi. Déjà on peut dire que ce sont les couches populaires qui se sont massivement abstenues. Le mouvement n’est pas nouveau. Il s’amplifie. Les raisons ? Elles sont à chercher dans les politiques d’austérité menées depuis plusieurs décennies par les différents pouvoirs qui se sont succédé, y compris par les socialistes sous le quinquennat de François Hollande.
Et la gauche dans tout cela ?
Elle est discréditée, divisée, en rivalité permanente. Elle n’est plus crédible en l’état actuel des choses, incapable de proposer une véritable alternative au capitalisme.
La grande question, c’est de reconstruire une nouvelle gauche, pour redonner confiance à des millions de Français qui se sont réfugiés dans l’abstention et d’ouvrir de nouvelles perspectives. Cela a fait l’objet d’un large débat lors de la réunion. Au plan insulaire, comment y contribuer ? Comment construire un projet commun ? Avec qui ? Avec quels partenaires ?C’est un chantier que Inseme à manca va ouvrir, à son niveau, avec ses capacités et ses militants. Il s’agira de formuler des propositions sur un certain nombre de thèmes : Les institutions, les interventions publiques dans l’économie, le social, la santé, la défense des biens communs, l’environnement, les déchets, la culture, la langue corse, etc.

Ces propositions seront ensuite débattues avec les partenaires que Inseme à manca va rencontrer. Elles ne sont pas exhaustives. La préoccupation principale sera de renouer avec les couches sociales durement affectées par la politique du pouvoir macronien. Couches qui ont tourné le dos à la gauche.
De ce pouvoir point de salut. Il serait illusoire d’avoir un changement réel après la mise en place d’un nouveau gouvernement. Comme disait Tancrède dans le guépard, de Lampedusa : « Tout changer pour que rien ne change ».
Jean Pierre Orsi.