La politique politicienne et les égos n’ont jamais fait avancer la démocratie, ni la gauche anti-libérale, celle qui s’oppose fermement aux idées de la droite réactionnaire.
“Mon choix n’a pas fonctionné” a reconnu Jean Luc Mélenchon ces jours-ci sur LCI à propos de la stratégie que son mouvement la FI a adopté pour les élections municipales de 2020. En effet, il a refusé toute forme d’alliance à gauche, conduisant sur le terrain à toute une série d’alliances à la carte. Ce refus de rassemblement de la gauche anti capitaliste avait déjà été initié pour la première fois par Jean Luc Mélenchon à l’occasion des élections territoriales de décembre 2017 en Corse. Nous serons tentés de dire que l’on n’oubliera pas ses provocations et tweets haineux à cette occasion.
Et c’est bien lui en personne, qui a donné le tempo. Il opposait un refus catégorique et sans discussion à tout rassemblement de la gauche anti capitaliste. Au même moment il se prononçait pour la mise en place d’un mouvement “gazeux et populiste”.
C’était incompréhensible, mais cet homme vers qui tous les espoirs de la gauche anti capitaliste s’étaient portés à l’occasion des élections présidentielles de 2017, cet homme qui avait enflammé les foules et pour lequel nous nous sommes engagés sans compter avec l’espoir du changement que portait le programme “L’avenir en commun”, a détruit en peu de temps ce qu’il avait avec d’autres, contribué à construire.
Sa déclaration au soir du premier tour des présidentielles nous avait déjà laissé perplexes et durant la campagne des législatives qui a suivi, de nombreux électeurs avaient relevé l’incohérence politique de son discours.
Mais c’est quelques deux mois plus tard, le 3 septembre 2017, que sans discussion aucune avec les Insoumis de corse, il se fendait de Paris d’un tweet destructeur pour la campagne des élections territoriales en corse. Il répétera cette basse manœuvre politicienne à plusieurs reprises, portant un préjudice évident à la liste de rassemblement.
Mélenchon pour suivre sa stratégie, a appelé à voter contre les Insoumis de corse et affirmé sa sympathie pour la liste nationaliste, d’inspiration libérale. Avec ses amis il ne s’en est pas caché, il espérait que l’on se prenne une “taule”.
Malgré ses appels répétés au boycott, et les difficultés de campagne commune avec le parti communiste, la liste, “l’Avenir la Corse en Commun” a réalisé un score de près de 6%, insuffisant certes, mais un score nettement supérieur a celui réalisé par la liste de la FI (près de 3,50%), à l’occasion des élections européennes qui ont suivi et ceci malgré l’ancrage corse de la tête de liste Manon Aubry originaire de Bonifacio.
Sa stratégie est en effet un échec, et sa responsabilité personnelle dans cette situation est évidente. Il a voulu construire un mouvement qui ne fait pas de la démocratie une question essentielle, un mouvement au service exclusif d’un homme et son ambition de pouvoir.
Après les européennes, les municipales sont venues confirmer cet échec et si Eric Jadot avec son mouvement écologiste a tiré son épingle du jeu, on le doit à cette auto-destruction à laquelle la gauche anti libérale nous a habitué depuis de nombreuses années déjà. L’espoir a horreur du vide.
Aujourd’hui il ne suffit pas de reconnaître s’être trompé pour renouer avec la confiance des électeurs. En politique, les choses ne sont pas aussi simples, comme le démontrent les taux d’abstention à chaque élection.
Au lendemain des élections territoriales dans une tribune publiée sur le site, “Mancalternativa” nous dénoncions déjà la ligne imposée par Mélenchon en considérant que ” Deux questions, devraient être au cœur de l’analyse critique :
- Celle de la stratégie de la FI, celle du rassemblement. Avec qui se rassembler ? Comment ? Dans quelles conditions politiques ?
- La vie démocratique du mouvement, son organisation, son mode de fonctionnement et les rapports au centre.” Deux questions étroitement liées l’une à l’autre, mais qui impactent actuellement toute la gauche en reconstruction.
Reste aujourd’hui, que face à tous les dangers, d’une droite arrogante et violente au pouvoir et les énormes enjeux sociaux et environnementaux, la gauche anti système, celle que nous soutenons et souhaitons construire à besoin d’une véritable autocritique, et parallèlement d’un rassemblement de toutes ses forces et individus qui se réclament d’un positionnement clair, anti libéral, anti capitaliste, une gauche offrant des perspectives au mouvement social.

De nouvelles et très importantes échéances nous attendent. Il nous faut, ne laisser personne sur le bord du chemin, trouver la voie de l’unité, ouvrir des pistes réelles.
Il faut se préparer pour les prochaines élections présidentielles qui se profilent en travaillant à trouver le candidat ou la candidate qui fera consensus sur un projet d’émancipation social, environnemental, démocratique.
Personnellement, nous considèrons qu’il faut éviter une candidature trop clivante et qu’il faut commencer à préparer l’après Mélenchon. Il y va de la crédibilité d’une gauche qui tarde à se reconstruire en toute clarté politique avec un impératif : se rapprocher le plus possible de l’intérêt général.
Jaques Casamarta et Francis Peretti