Entre 100 et 120 personnes se sont rassemblées à Ajaccio pour manifester leur soutien à la culture.

Les « non utiles » étaient de nouveau dans la rue, ce jeudi 7 janvier 2021, devant la préfecture de région, à l’appel d’un collectif d’artistes, animé entre autres, par Mario Sepulcre, artiste peintre et directeur du Locu teatrale. Les «-non utiles – pour reprendre le savoureux qualificatif de notre monarque républicain – venaient dire, crier leur indignation contre les mesures restrictives qui affectent aussi le secteur de la culture, notamment les théâtres, les salles de cinéma et autres lieux artistiques.
Qui touche la culture, contribue à tuer la réflexion, l’ouverture sur le monde et sur l’autre, l’esprit critique et à favoriser la soumission et l’ignorance.

C’est inquiétant dans un monde où l’on constate la montée de tous les intégrismes, de la haine et des idées néo-fascistes. C’est que l’on pouvait entendre parmi les manifestants et à travers les différentes interventions prononcées lors du rassemblement. Des interventions en français et en corse. Toutes ont souligné le caractère nocif, dangereux des mesures gouvernementales. La lutte pour la culture ne doit pas s’arrêter, nonobstant la crise sanitaire. Bien au contraire. Elle doit s’élargir, converger et s’agréger à d’autres luttes, pour l’emploi, la santé, l’éducation,etc. C’est le sens de l’intervention de Jacques Casamarta. L’ennemi commun a un nom, le capitalisme dont la nature est exclusivement le profit et non l’humain.
Le rassemblement vu par un média numérique insulaire “Le journal le petit corse”. Extraits…

Lors de ce troisième rassemblement culturel, Mario Sepulcre, artiste-peintre à Ajaccio a été le premier à prendre la parole :

“Il s’agit d’alerter les pouvoirs publics, mais aussi l’opinion publique, sur une situation de plus en plus difficile pour le monde de la culture, mais aussi absurde, puisque la situation épidémique en Corse est relativement bonne, l’île étant toujours placée en zone blanche. Tous les représentants de la culture demandent une réouverture adaptée à la situation sanitaire de la Corse. Nous allons aussi rechercher, tous ensemble, des moyens différents de retrouver un public, puisque les salles resteront fermées. “”Ce que je souhaite c’est que les artistes se rassemblent le plus possible, et que nous trouvions rapidement des solutions pour exister auprès de la société civile. Dans un premier temps faire une demande au Préfet, pour choisir la voie de la légalité et de la diplomatie, et dans un second temps trouver des portes de sortie pour exprimer notre création artistique” a t-il conclu… L’artiste a aussi associé le public à ce rassemblement, “qui dans cette période assez anxiogène est privé d’oxygène.”…
Jean-Michel Ropers, acteur, producteur, Réalisateur “Il faudrait que le public se mobilise, car sans public nous ne pouvons rien faire, pour que ces lieux, qui sont vos impôts, soient ouverts. Sur la Corse il est possible qu’ils soient ouverts avec des petites jauges. Pour le spectacle vivant il faut que nous arrivions à récupérer la rue, pour y jouer, y danser…Pour les cinémas pourquoi ne pas penser au driving“… Nous avons un combat sympathique à mener ensemble.“
Un restaurateur/cuisinier“ Que serait mon quotidien sans la littérature, la musique, le théâtre, sans la danse, sans le cinéma. Il y a une communion magique dans une salle de spectacle, dans un théâtre, dans le silence des allées recueillies d’un musée, et c’est quelque chose de vital pour nous. “L’art est le plus court chemin de l’homme à l’homme” disait Malraux.”
Jacques Casamarta, Manca alternativa“ On ne peut pas vivre sans culture! Nous l’avons vu dans des périodes très difficiles de notre histoire, les gens de culture ont toujours été à la pointe du combat pour montrer le chemin. Aujourd’hui, je pense que ce rassemblement, même s’il n’est pas suffisamment ample encore, est porteur d’avenir, il est porteur de citoyenneté, d’humanité, parce que nous avons besoin de vivre en fraternité, face à un individualisme qui a progressé de manière faramineuse avec cette covid contre laquelle nous luttons.”.
Sylvie Papazian, école “L’entrée des artistes““Nous travaillons avec des non-professionnels, et nous n’avons pas le droit de travailler nos spectacles. Nous avons une année de travail à terre. J’ai sollicité plusieurs fois la préfecture, mais les préfets appliquent les décrets à la lettre, et n’accordent aucune dérogation. Pour exemple, le chant dans notre école, c’est deux personnes dans une salle de 100m² et pour autant nous ne pouvons donner des cours. Il faut que nous nous fédérions et que nous nous organisions pour faire autrement, car c’est le seul moyen d’y arriver.
Alexis Giacomoni, Artiste, astronomeIl faut qu’on nous écoute, que l’on voit la différence en Corse, qu’on nous laisse travailler, réfléchir, écrire, faire de la photographie, de la peinture, de la poésie…
(Les photos sont issues de différentes prises de vue de la soirée par des militants d’Inseme à Manca ou archives du site.)

