L’AVVENE, A CORSICA IN CUMUNU, 6 questions à Jacques Casamarta

La liste soutenue par le Parti Communiste, Manca Alternativa, Ensemble, la Corse Insoumise et des militants associatifs, syndicaux et culturels n’a pas obtenu l’aval de Mélenchon. Membres et sympathisants ont, par communiqué, vivement critiqué son tweet de désaveu.

Entretien réalisé par Claire Guidici  L’Informateur Corse N° 6692 17 novembre 2017

La nouvelle collectivité pour la Corse vous satisfait-elle ?

Quand on a proposé la Collectivité unique en 2003, les Corses ont voté contre. La nouvelle mouture aurait dû être soumise à référendum, on nous l’a imposée. Nous ne pouvions être favorables ! Elle est la traduction de traités européens et de la loi NOTRe qui favorisent les privatisations, le démantèlement des services publics et l’austérité. A ce jour, les modifications de statut n’ont pas apporté d’avenir meilleur aux Corses :

20% vivent sous le seuil de pauvreté, nous avons près de 23 000 chômeurs et tous les clignotants sont au rouge. Dans ces élections trois blocs vont s’opposer : les libéraux favorables à l’austérité (droite et Macroniste), les nationalistes qui peinent à prendre position sur les questions sociales, puis nous. Nous sommes les seuls à proposer un avenir différent, contre l’austérité et le libéralisme.

Pensez-vous avoir les moyens financiers de vos ambitions ?

La Corse a besoin de la solidarité nationale. Il ne peut y avoir de développement corso-corse. Les recettes de l’Etat s’élèvent à 1 milliard 900 mille euros. Les interventions se montent à 3 milliards 600 mille. Nous avons besoin de péréquation pour aller vers la justice sociale et fiscale que nous n’avons plus. Il y a 30 ans, la Corse comptait 180 foyers fiscaux

assujettis à l’impôt sur la fortune, ils sont 1 800 maintenant alors qu’un habitant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté. Et que dire de cette grande majorité qui gagne à peine plus ! Si la péréquation ne joue plus, par quoi sera-t-elle remplacée ? Par de l’impôt local ?

Quel développement économique ? Avec quelle organisation des transports ?

Nous sommes en rupture totale avec les politiques d’austérité. Dans l’intitulé de notre liste il y a deux mots : « avenir » et « commun ».

Concernant l’avenir, défendons la Corse et ses habitants, ceux des villes et des campagnes ! Nous voulons une Corse vivante, ouverte sur le monde, une économie sociale et solidaire intégrant les circuits courts, respectueuse de son environnement, apte à développer de nouvelles potentialités dans les filières du bois, de la pierre, du solaire, de la mer, des nouvelles technologies… Mais il ne faut pas oublier le « commun », nos services publics détruits au nom du libéralisme et du profit : la santé, l’école, la gestion de l’eau, de l’énergie avec la construction de barrages, les transports avec la nouvelle compagnie maritime publique à définir, le chemin de fer à développer, des services de bus gratuit en zone urbaine, etc. Et le coût des transports : le prix du kilomètre Corse/ continent devait être aligné sur le ferroviaire. C’étaient les engagements de 1976 ! Ils sont oubliés !

Concernant le chômage et plus particulièrement le chômage des jeunes, quelles solutions ? La formation est-elle adaptée aux besoins ?

Pour se projeter, les jeunes on besoin d’un emploi stable. Les activités proposées sont souvent précaires et saisonnières. En créant ces nouvelles filières, il y aura des propositions innovantes, valorisantes, avec les formations adaptées. Nous n’avons pas la solution à tout, mais les pistes creusées avec le concours des acteurs de terrain vont permettre de réinventer une politique qui se détache du libéralisme effréné, générateur de misère.

Quelle politique de l’aménagement et de l’environnement permettrait de vivre sainement et sereinement en Corse ?

Aménager un territoire c’est aussi proposer à tous un logement décent.

Il y a en Corse 400 logements sociaux pour 10 000 habitants contre 600 au plan national. Plus on construit plus la proportion de logements sociaux baisse. L’Office foncier doit être un Office foncier solidaire. Puis il y a le problème des déchets. Du tri, certes, mais tout le reste ne peut aller à l’enfouissement. Il va falloir envisager la création de deux incinérateurs adaptés.

Quelle agriculture pour la Corse ?

Nous avons un regard critique sur la PAC et les quotas, mais nous ne pourrons pas concurrencer ni la Beauce ni l’Espagne ! L’avenir est à une agriculture typée, représentative d’un terroir, une commercialisation en circuits courts. La sécheresse nous amène à nous interroger aussi sur les évolutions climatiques. La COP 21 n’a rien changé. Dans ce domaine encore, beaucoup est à réinventer.

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