« Ne vous résignez jamais », Gisèle Halimi
Gisèle Halimi s’en est allée, le 28 juillet 2020, à l’âge de 93 ans. Cette grande dame nous manquera. Une voix posée, mesurée, pour défendre avec fermeté et courage les femmes dans leurs combats émancipateurs. Avocate de renom, elle a porté avec passion les revendications de toutes celles qui réclamaient, à juste titre, un droit à disposer d’elles mêmes. Une juste liberté, trop souvent, refusée, aux filles, dès la naissance, enfermant les femmes qu’elles deviennent dans un schéma patriarcal éminemment restrictif. La cause des femmes a été l’engagement de toute sa vie ; dépénalisation de l’avortement, accès libre à ce dernier ainsi qu’aux moyens contraceptifs, criminalisation du viol, parité hommes/femmes en politique…d’autres engagements aussi pour la défense des droits humains, la cause anticolonialiste, l’abolition de la peine de mort.

« Ne vous résignez jamais » tant elle savait le combat long et rude. Aujourd’hui la lutte contre les violences sexistes continue. 152 femmes ont en 2019 perdu la vie, tuées par leur conjoint ou leur ex-conjoint. Au 31 juillet 2020, elles sont 57. De nombreuses manifestations ont eu lieu à travers la France et en Corse pour dénoncer les violences faites aux femmes. À Ajaccio, le 5 juillet dernier, à l’appel du collectif “I Was”, rejoint par les groupes”Donne Surelle” et “Collages Féminicides Corse”, ce sont plusieurs centaines de personnes qui ont marché pour dénoncer les violences sexistes et sexuelles. Beaucoup de jeunes femmes qui n’hésitent plus à témoigner. « Non c’est non », « stop aux silences », tels sont les messages pour une prise de conscience et des mesures concrètes de protection et de prise en charge.
Gisèle Halimi, sans jamais baisser les bras, s’est engagée pour que la femme soit reconnue dans son intégrité, dans la reconnaissance de sa liberté à mener sa vie comme elle l’entend. Si la situation de la femme a connu des évolutions positives, elle reste néanmoins très fragile. Les crises sociétales et économiques qui se succèdent, la crise sanitaire en cours montrent bien qu’elles ont occupé et occupent les emplois les plus exposés, en matière de santé, dans l’alimentaire, dans le domaine de la propreté. Elles assument, encore majoritairement, des double-emplois, l’officiel et celui qui reste toujours invisible (maison, éducation,…). Malgré tout elles continuent à subir cruellement « le revers de la médaille » en étant en 1ère ligne en matière de précarité (petits revenus, pertes d’emplois et de salaires…).
Le combat de toutes les femmes à être reconnu dans leur dignité est éminemment politique et l’histoire a déjà prouvé qu’elles ne se résignent et ne se résigneront jamais.
« On ne naît pas femme on le devient » Gisèle Halimi.
Inseme à Manca, Samedi 1er août 2020