
Le traitement économique et social des conséquences des gestions désastreuses de l’épidémie de Covid a généré un « quoi qu’il en coûte » dans l’ensemble des pays touchés par la pandémie (11600 Mds € en 2020 selon le FMI). En France, il a été ainsi possible de trouver de « l’argent magique » à hauteur de 150 Mds € en 2020. Pour autant, le choix de Macron a été, non pas de créer de nouvelles recettes pour l’État ou augmenter celles de la Sécurité sociale, mais d’emprunter sur les marchés financiers. Et la quasi-totalité des pays concernés (y compris les États-Unis) n’ont pas agi autrement, oubliant opportunément leur discours idéologiquement critique
sur le déficit public. Ils ont pu profiter opportunément, c’est la cas de la plupart des pays membres de l’Union européenne (y compris la Grèce), de taux d’intérêt très faibles, voire négatifs (c’est le cas de la France avec un taux de -0,14% en moyenne sur les 290 Mds € empruntés en 2020), taux en partie fondés sur la politique de la Banque centrale européenne (BCE) de rachat d’une partie des dettes des États auprès des marchés financiers. Cela a été également le cas de l’Union européenne elle-même avec le plan de relance européen adopté en juillet 2020 pour un montant total de 750 Mds €, levés eux aussi sur les marchés financiers et destinées aux États membres, dont 390 Mds € (versés sous forme de subvention) verront le remboursement de leurs intérêts étalé sur la période 2028-2058.
Parallèlement il faut noter que :
– les accélérations de la dette publique dans la plupart des pays, comme en France, font généralement suite à une dégradation conjoncturelle de la situation économique (krach de 1929, guerres mondiales, crises financières…) comme dans le cas de la pandémie à la suite de laquelle le taux d’endettement public, en Europe est passé de 86 à 95% du PIB (de 98 à 117% pour la France) dans un contexte d’une évolution négative du PIB sans précédent depuis la guerre (-6,8% en 2020),
– le fait de recourir intégralement au seul endettement pour faire face aux dépenses publiques, sans mettre à contribution ceux qui profitent toujours de la pandémie, relève de la seule responsabilité des gouvernements et est symptomatique d’un choix idéologique.
Ces constats montrent que si le choix de l’endettement est le plus souvent conjoncturel (afin d’assurer un soutien public aux activités économiques et, parfois, à la protection sociale afin de garantir l’avenir), il reflète bien une option idéologique de droite. Il s’agit ni plus, ni moins d’une contribution à rebours : faire supporter la charge de la dette, en supprimant ou privatisant les services publics et la protection sociale, par celles et ceux qui en ont le plus besoin au bénéfice de celles et ceux qui peuvent leur trouver un substitut.

“Banque mondiale, le coup d’état permanent”.
Un excellent ouvrage d’Eric Toussaint du CADTM ( Comité pour l’Anulation de la Dette du Tiers Monde), édité par les éditions Sylepse
Cette pratique s’accompagne systématiquement d’une « pédagogie » du consentement qui refait surface aujourd’hui pour contrer les arguments d’économistes appelant (tout récemment, mais déjà au printemps 2020) à l’annulation ou à la transformation de la dette, contractée par les États pendant la pandémie et détenue (à 25%) par la BCE. Ainsi, plusieurs contre-feux sont érigés par les gouvernements (soutenus par Christine Lagarde, présidente de la BCE et condamnée par la justice française en 2016). En France, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a créé une commission « sur l’avenir des finances publiques » qui n’aura pas le droit de s’interroger sur la manière dont doivent être financés les investissements et les services publics (pour faire face au dérèglement climatique, à la rénovation du système de santé ou à l’explosion de la pauvreté, par exemple) ou d’étudier les alternatives permettant de se soustraire aux marchés financiers, mais qui devra dire comment doit être remboursée la totalité de la dette. Son président, un ex-ministre de Chirac, Jean Arthuis, a déjà prévenu : « la France doit sortir de son addiction à la dépense publique », mais pas de son addiction à l’endettement en lieu et place de la contribution de tous. Et il prévient que le « premier objectif de cette commission est de faire de la pédagogie budgétaire, de la pédagogie sur l’endettement ».
Ainsi, comme ils l’ont déjà fait, nous allons avoir bientôt droit, non pas à l’ouverture d’un débat sur la dette, mais bien à l’infantilisation des citoyens et au retour de ces contes où l’ogre-dette va dévorer les enfants-peuples pas sages et trop addict aux dépenses.
Rien de nouveau, hélas, sous le soleil, ou plutôt la grisaille.
Mais “nous n’allons avoir bientôt droit…”, nous y avons déjà droit (Cf. Christine Lagarde sur les plateaux télé hier).
Oui : Rien de nouveau sous le soleil des nantis.
La question de la dette est aujourd’hui d’actualité. Quelle réponse donnerons nous à cette question? La bourgeoisie connait depuis longtemps sa réponse… Les peuples doivent payer. La lecture du livre d’Eric Toussaint “Banque mondiale le coup d’état permanent” donne les clefs de compréhension des mécanismes financiers et politiques internationaux. Une plongée dans la géopolitique et de la finance internationale et on apprend que contrairement aux idées reçues, la banque mondiale n’a pas pour mission de réduire la pauvreté.