
A peine ébranlé par la pandémie, le capitalisme destructeur et tentaculaire, telle l’hydre mythologique, panse déjà ses blessures et ressurgit dangereusement, avec son cortège mortifère d’austérité, de régression sociale (travailler toujours plus) et de chômage. Priorité aux dividendes, à l’armée, aux profits, et haro sur les salaires, les congés et les services publics.
Déjà fragilisés ou appauvris, les peuples n’ont d’autre choix que la lutte, y compris en Europe, où nos pseudo démocraties sont en permanence bafouées.
Mais comment remettre sur pied un monde qui marche sur la tête, un monde où les traders sont cent fois mieux payés que les soignants et les enseignants ?
“Du passé, faisons table rase…..Groupons-nous et demain…”, dit Eugène Pottier .
Tout est là, en effet.
Mais entre dérives libérales, ambiguïtés et égos surdimensionnés , la gauche traditionnelle est désormais atomisée, notamment en Corse .
En Corse, justement, on apprend que Corse-Composites va licencier plusieurs dizaines de salariés, alors même que le carnet de commande d’Airbus est rempli jusqu’en 2029 !
On privilégie par ailleurs toujours le « totalitourisme, en espérant un hypothétique “ruissellement”qui ne profitera bien sûr qu’à quelques-uns.
Nous restons tragiquement la région la plus pauvre de France; en même temps, la Corse est aussi celle où la proportion des riches est la plus élevée !
Alors que faire ?
Il y a la rue, les syndicats, les manifs. Mais politiquement parlant, tout reste à faire. Parti historique qui s’apprête à fêter son centenaire, le PC vient de se saborder définitivement en privilégiant une nouvelle fois la “lutte des places” via des alliances contre nature : sociaux-démocrates macron-compatibles à Ajaccio, et clan Zuccarelli à Bastia. Nos camarades parlent curieusement ici de « trahison”. Mais alors que le PRG ultra-libéral n’est plus à gauche depuis…quarante ans, qui a vraiment trahi dans cette affaire, en tissant des liens, encore et encore, avec cette droite à peine dissimulée ?
Une démarche isolée purement « citoyenne”, telle celle de Patricia Curcio, ne peut visiblement suffire non plus. Il faut donc créer vite un élan collectif, donner du sens à la gauche et revendiquer pleinement notre combat sans concession contre le capitalisme.
Les démarches de Clémentine Autain et Elsa Faucillon (le fameux”Big Bang”) et l’initiative “Capitalexit” de Jean Sève sont un exemple possible. A nous, militants authentiquement engagés à gauche, de tisser sans compromissions des liens durables, pour une Corse solidaire en rouge et vert qui saura faire face à l’injustice et privilégier l’humain. Oublions cette formule creuse du “monde d’après”, et INVENTONS LE PRÉSENT !
Bernard Bouquet