
Le nouveau Mario est arrivé. Il a présenté ce samedi 13 février les membres de son gouvernement au Quirinale, siège de la présidence de la République, à Rome. Première anomalie, la faible représentation féminine. Après la mirifique expérience d’un collègue à lui, Mario Monti, alias super Mario, homme lige des banques d’affaires, en particulier de la très célèbre Goldman Sachs, voici Mario Draghi (dragons en français). Personnage discret, humble, issu d’un milieu modeste et très sensible au sort des travailleurs italiens. Plus sérieusement, qui est Mario Draghi ? Il ne sort pas de derrière les fagots. Il est diplômé du Massachusetts Institute de Technology, le top des écoles américaines. C’est un ancien président de la Banque européenne. La faiseuse de pays. C’est un économiste – paraît-il – de très haut niveau, compétent. Beaucoup l’adulent, l’apprécient, comme par exemple, Christine Lagarde notre ancienne ministre de l’économie, actuellement présidente de la Banque européenne, Pierre Moscovici, éminent membre du Parti socialiste, vice-président de la cour des comptes, un certain Emmanuel Macron, Nicola Zingaretti, secrétaire du Parti démocrate italien, frère de Luca Zingaretti, plus connu sous l’identité du commissaire Salvo Montalbano.
Petite digression. Le Parti démocrate est le descendant de feu le grand Parti communiste italien ! Berlinguer doit se retourner dans sa tombe.
Mario Draghi, l’homme des marchés financiers et des multinationales
Retournons à Mario Draghi. Il est passé lui aussi par la Goldman Sachs ! C’est lui et son équipe, en son temps, qui ont concocté un plan pour maquiller les comptes publics de la Grèce pour permettre à ce pays, déjà exsangue, d’être reçu dans la zone euro, pour le plus grand bonheur des banques allemandes. Et on a vu et apprécié comment tous ces braves européens, bon teint, ont traité par la suite la Grèce. Encore un petit mot sur le pedigree de Mario Draghi. A une certaine époque il a été à la direction du trésor italien. Là aussi, par excès de zèle, il a contribué à la privatisation de nombreux biens communs. Comme dirait l’autre, il se faisait déjà la main.
Donc, Mario Draghi, avec un tel bilan et une telle envergure, avait toutes les qualités et la dimension pour prendre en main les destinées de notre sœur latine. Sous le regard bienveillant et l’autorité morale de Sergio Mattarella, président de la République, il a formé gouvernement lequel est composé de pratiquement tout l’arc politique italien : Parti démocrate, Forza Italia de Silvio Berlusconi, la Lega de Matteo Salvini, un copain à Marine Le Pen, Italia Viva, du frénétique Matteo Renzi,etc, à l’exception de Fratelli d’Italia, de Giorgia Meloni, parti nostalgique de la période fasciste et quelques petits partis révolutionnaires. On peut regretter au passage le soutien à Mario Draghi, hélas, de la direction de certains syndicats comme la CGIL, l’équivalent de la CGT en France !
Un nouveau bloc historique
Mario Draghi réalise un nouveau bloc historique – rien à voir avec le bloc historique préconisé par Antonio Gramsci – qu’on pourrait qualifier de compromission historique. Un bloc pour les riches, rien que pour les riches, avec la complicité voulue ou inconsciente de certains milieux politiques dits de gauche et syndicaux. C’est le triomphe en Italie du néolibéralisme, de la soumission à l’Europe capitaliste et aux multinationales dont les effets seront dévastateurs pour le pays, mais aussi bien au-delà, compte-tenu du poids de l’Italie en Europe. Rappelons que l’Italie a toujours été un laboratoire politique à travers l’histoire pour le meilleur comme pour le pire. Quelques exemples : l’expérience des conseils d’usine en 1920, le fascisme, la Résistance, l’expérience de la Libération et la montée en puissance du Parti communiste italien. La disparition de ce dernier en 1992 a ouvert la voie au berlusconisme dont on mesure aujourd’hui les effets négatifs sur le pays, tant aux plan social, économique, moral et culturel.
On peut parier, sans risque de se tromper, que la politique qui sera menée par le gouvernement Draghi ne répondra aucunement aux préoccupations des travailleurs, des petites gens et de nombreuses couches sociales des régions méridionales.

Une fois de plus, on va imposer des mesures d’austérité et des réformes structurelles. Des lendemains qui déchantent attendent assurément i nostri cugini taliani.
Pour la gauche française, il est temps d’ouvrir les yeux. Le syndrome italien est à nos portes, ou c’est peut-être déjà le cas.
C’est la stratégie du choc qui s’applique. On musèle le peuple (en ce moment par le biais d’un virus) et on assied de toutes les façons possibles, à la vitesse grand V, le système capitaliste néo libéral…Il n’y a plus de valeurs, de perspectives, la gauche mise en place, la droite se confondent à l’extrême…et pendant ce temps la misère galope…ne faisant pas de détails. Quelle sera la réaction citoyenne ? qui permettra un retour au respect des droits humains les plus élémentaires…on en est là aujourd’hui quant le système assassin précipite jeunes et moins jeunes dans les files de… Lire la suite »
Ce phénomène illustre ce que certains appellent la mort du politique au profit d’une soi disant technique économique incontournable des “sachants”. Il n’y a bien entendu pas de mort du politique mais un manque criant de fond théorique au niveau économique et politique. On ne peut se borner à être “anti” sans proposer un fond et un projet économique et politique Global c’est à dire intégrant la dimension mondialisation.offrir une perspective construite et crédible c’est fondamental et indispensable. Cela éviterait d’engager la colère des peuples dans des impasses comme celle des gilets jaunes,des printemps arabes égyptiens, tunisiens ou autres qui… Lire la suite »
Enrico Berlinger avait tenté en son temps le “compromis historique”.
Cela n’a pas marché, avec l’assassinat d’Aldo Moro par les Brigades rouges (et très certainement l’action des services secrets américains).
Aujourd’hui, à la place de ce “compromis”, on se contentera tristement de la “compromission historique”.
Pas désespérant … mais presque!
Bravo à Angelo Leonetti , dit “La bête du Niolu”, pour cet intéressant point de vue . Réalité tragique et fiction policière se rencontrent souvent . L’Italie est au fond du trou , et la France pas loin derrière , malheureusement….
Pourtant, nous aurions plus que jamais besoin d’une gauche anti système, une gauche anti libérale, anti capitaliste. Et c’est le contraire qui se produit. La question c’est pourquoi nous en sommes là ?
Pour une part, nous la devons à l’absence d’autocritique: l’expérience du communisme a l’Est à été un échec qui a débouché sur la prise du pouvoir de dictatures libérales et pour une autre l’échec du Parti socialiste, de la sociale démocratie, qui a épousé les thèses du capitalisme…
Aujourd’hui il faut reconstruire dans la clarté.